Mariage en série

Ahahah ! Ça c’est un titre génial ! En plus, je vais pouvoir utiliser cette technique pour tous mes articles sur les marronniers des séries TV. Attendez-vous aux articles "Indices en série", "Accouchement en série", "Meurtre en série", voire même "Série en série". Quel sens de la mise en abîme.

Dans les séries télé il y a grosso-modo deux façons de considérer le mariage. Soit il a été prononcé en amont de la diffusion du pilote, soit il s’opère en plein cœur d’une saison. En season final c’est même mieux.

Le premier cas est très courant dans les sitcoms, qui prennent souvent la famille comme thématique centrale. Dans ce cas, quelques accrochages matrimoniaux sont possibles, mais le statu-quo étant de mise tout se résout avant la fin des 22 minutes. Cette exemple d’amour triomphant malgré le temps et les embuches reste quand même un cas particulier dans le monde des séries. En effet, si l’on est feuilletonnant, le statu-quo a un intérêt limité, surtout dans les séries modernes. Il faut du changement (dans la continuité), afin de maintenir l’intérêt. Et briser un mariage est une très bonne technique, d’autant plus en présence d’enfants : il est peu probable que le parent volage abandonne ses enfants, laissant ainsi la distribution sauve.

Mais le mariage est bien plus présent en tant que potentiel : Loïs & Clark, Mulder & Scully, House & Cuddy, Bones & Booth… Tous développent une relation qui n’a d’intérêt que parce qu’elle n’aboutit pas. Il suffit d’un baiser pour que le charme se brise. Vos héros préférés se jettent amoureusement l’un sur l’autre, débordant d’une passion inédite ? Il y a de forte chance que l’épisode se termine par un "ce n’était qu’un rêve" convenu et oh combien cliché. Mais cela aura permis de faire plaisir au spectateur, tout en maintenant finalement sa frustration : Les personnages ne sont toujours pas ensemble, et c’est tant mieux. Cette frustration est essentielle dans la fidélisation du public : d’épisode en épisode il attend le baiser. Une fois son désir assouvi, il peut passer à autre chose. Oui, le spectateur est un goujat.

Alors, méfiez-vous : quand tout semble aller dans le sens du mariage, c’est qu’un gros problème se profile à l’horizon. Le lourd secret d’un des conjoints va être révélé, un accident va se produire (avec perte de mémoire c’est mieux), ou la fin de la série est annoncé.

Et si tout se passe sans problèmes ? Il y a de forte chance que la série cesse de toute façon, perdant de son intérêt, et donc de son audience. On ne regardait pas "Loïs et Clark, les nouvelles aventures de Superman" pour voir comment l’homme au slip rouge allait sauver Métropolis, mais bien pour savoir s’il allait se taper sa collègue journaliste. Une fois l’acte consommé, la série a subit une baisse d’intérêt flagrante, et je crains que cela ne vienne pas uniquement des scénarios affligeants de la dernière saison.

Mais, inter-textuellement parlant, Loïs et Clark est aussi un bel exemple d’amour réussit : cela faisait plus de 50 ans que ce mariage était attendu dans la BD, et le succès de la série TV poussa les éditeurs à prononcer les noces, afin de ne pas perturber les nouveaux lecteurs potentiels.

Quoi qu’il en soit, ne vous fiez pas à votre culture télévisuelle avant de prononcer vos vœux, au risque de ne plus croire à la possibilité d’un mariage heureux.

Une réflexion sur « Mariage en série »

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