Archives de catégorie : Murmures

Diverses réflexions et essaies sur la Bande Dessinée, le cinéma, ou les séries TV. Les arts séquentiels donc.

Bulle Vagabonde n°1 : Les Noceurs de Brecht Evens

Lorsque l’on est bédéphile, s’éloigner de sa bédéthèque n’est pas une raison pour cesser de lire. Quoi qu’on en pense, tout le monde lit des BD, et un voyage est toujours l’occasion de découvrir ce qui intéresse nos hôtes. Coup de chance, cet été je passe chez mon frère en Corse, et on a à peu prêt les même goûts. Vous trouverez donc au fil de l’été quelques chroniques vocalement reposantes sur ce que j’ai subtilisé dans sa bibliothèque.

Un prix d’Angoulème est toujours un sujet de curiosité, d’autant plus s’il s’agit du prix de l’audace. Mais la couverture des Noceurs est peu avenante, avec ce mélange bigarré de couleur enchevêtrée. C’est donc avec une certaine appréhension que j’entame l’ouvrage.

Et c’est plutôt avec raison, me dis-je en avançant dans la première partie.
Gert invite des vieux « amis » à une soirée, mais ceux-ci ne sont venus que pour voir Robbie, le fêtard le plus réputé de la ville. Pourtant Robbie ne semble pas vouloir arriver, et l’on se demande si Gert n’a pas pathétiquement menti sur sa présence pour attirer du monde à sa petite fête.
Chaque personnage est représenté dans sa teinte de couleur, teinte  que prennent aussi ses propos. Le procédé est intéressant, mais l’absence de bulle nuit un peu à la lisibilité. On passe beaucoup de temps à se demander qui dit quoi. Pourtant, on s’attache assez rapidement à Gert le gris, dont on devine la vie triste et insipide de par son inaptitude à se faire remarquer.
A ce stade de la lecture on a  l’impression d’être dans un récit intello sans réelle fondement.
Le ton de la seconde partie est radicalement différent : même si les mêmes artifices graphiques sont employés, on suit cette fois ci beaucoup moins de personnage; ce qui rend la lecture plus limpide. Noumie et une amie se rendent à une soirée dans la boite de Robbie. Noumie rencontre ce dernier fortuitement, et il l’entraîne dans la folie de sa nuit, entre rencontres insolites, voiture à pédale et fantôme du disco (entre autre), jusqu’à une apothéose sexuelle graphiquement très puissante.
Ok, l’auteur est balaise, mais on ne sait toujours pas ou l’on va.
Jusqu’à l’ultime partie, ou l’on découvre que Gert et Robbie sont réellement ami, mais on fait des choix de vie et de personnalité diamétralement opposé. Se pose alors toute la question de la limite entre une vie festive et une vie productive. Peut-on faire la fête toute sa vie ? Doit on  réfléchir aux conséquences de ses envies ?
Evens semble avoir fait son choix.

Cette BD m’a surpris, m’emmenant là ou je ne l’attendait pas, en révélant des interrogations que l’on préfère taire. Un ouvrage déroutant, certes, mais qui mérite amplement son prix de l’audace.

En deux mots :
– Genre : réflexion intimiste
– Dessin : tâches colorées
– Scénario : parallèles désenchantés

Festival BD d’Aix-en-Provence 2011

Tout n'est pas encore prêt pour ce Week-End

Mea Culpa

Je vis à 20 minutes d’Aix-en-Provence depuis près de 10 ans, et je n’ai jamais été aux Rencontres du 9ème Art. Il faut dire que le festival BD d’Aix-en-Provence propose depuis 2004 des expositions principalement axées sur la rencontre entre la BD et l’art contemporain. Et j’ai beau être fan de BD, l’Art Contemporain ça me branche moyennement.

Sauf que désormais, je me targue d’être un chroniqueur BD tout terrain. C’est donc rongé par les scrupules que je décide d’aller prendre quelques photos sur place.

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Mariage en série

Ahahah ! Ça c’est un titre génial ! En plus, je vais pouvoir utiliser cette technique pour tous mes articles sur les marronniers des séries TV. Attendez-vous aux articles "Indices en série", "Accouchement en série", "Meurtre en série", voire même "Série en série". Quel sens de la mise en abîme.

Dans les séries télé il y a grosso-modo deux façons de considérer le mariage. Soit il a été prononcé en amont de la diffusion du pilote, soit il s’opère en plein cœur d’une saison. En season final c’est même mieux.

Le premier cas est très courant dans les sitcoms, qui prennent souvent la famille comme thématique centrale. Dans ce cas, quelques accrochages matrimoniaux sont possibles, mais le statu-quo étant de mise tout se résout avant la fin des 22 minutes. Cette exemple d’amour triomphant malgré le temps et les embuches reste quand même un cas particulier dans le monde des séries. En effet, si l’on est feuilletonnant, le statu-quo a un intérêt limité, surtout dans les séries modernes. Il faut du changement (dans la continuité), afin de maintenir l’intérêt. Et briser un mariage est une très bonne technique, d’autant plus en présence d’enfants : il est peu probable que le parent volage abandonne ses enfants, laissant ainsi la distribution sauve.

Mais le mariage est bien plus présent en tant que potentiel : Loïs & Clark, Mulder & Scully, House & Cuddy, Bones & Booth… Tous développent une relation qui n’a d’intérêt que parce qu’elle n’aboutit pas. Il suffit d’un baiser pour que le charme se brise. Vos héros préférés se jettent amoureusement l’un sur l’autre, débordant d’une passion inédite ? Il y a de forte chance que l’épisode se termine par un "ce n’était qu’un rêve" convenu et oh combien cliché. Mais cela aura permis de faire plaisir au spectateur, tout en maintenant finalement sa frustration : Les personnages ne sont toujours pas ensemble, et c’est tant mieux. Cette frustration est essentielle dans la fidélisation du public : d’épisode en épisode il attend le baiser. Une fois son désir assouvi, il peut passer à autre chose. Oui, le spectateur est un goujat.

Alors, méfiez-vous : quand tout semble aller dans le sens du mariage, c’est qu’un gros problème se profile à l’horizon. Le lourd secret d’un des conjoints va être révélé, un accident va se produire (avec perte de mémoire c’est mieux), ou la fin de la série est annoncé.

Et si tout se passe sans problèmes ? Il y a de forte chance que la série cesse de toute façon, perdant de son intérêt, et donc de son audience. On ne regardait pas "Loïs et Clark, les nouvelles aventures de Superman" pour voir comment l’homme au slip rouge allait sauver Métropolis, mais bien pour savoir s’il allait se taper sa collègue journaliste. Une fois l’acte consommé, la série a subit une baisse d’intérêt flagrante, et je crains que cela ne vienne pas uniquement des scénarios affligeants de la dernière saison.

Mais, inter-textuellement parlant, Loïs et Clark est aussi un bel exemple d’amour réussit : cela faisait plus de 50 ans que ce mariage était attendu dans la BD, et le succès de la série TV poussa les éditeurs à prononcer les noces, afin de ne pas perturber les nouveaux lecteurs potentiels.

Quoi qu’il en soit, ne vous fiez pas à votre culture télévisuelle avant de prononcer vos vœux, au risque de ne plus croire à la possibilité d’un mariage heureux.

Pas Vu, Mais Nul

Il y a de cela quelques années, j’avais pour un fanzine un projet de rubrique qui rebondissait sur une actualité bouillante. Patrice Leconte reprochait aux critiques, et particulièrement à ceux de Télérama, de faire preuve de snobisme intellectuel en assassinant tous les films qu’ils avaient à commenter. Il me semble qu’il y a eu quelques progrès depuis, les critiques acceptant enfin qu’un bon divertissement ne soit pas corrélairement un film de merde, vu qu’il touchait son public. C’est vrai ça, pourquoi les plus grosse bouses font elles le plus d’entrés ? Peut être parce que les critiques sont bien loin des préoccupation de la France d’en bas ?

Voici donc une critique pleine de mauvaise fois sur un film que je n’avais pas encore vu, et dont je ne savait pas grand chose. Certes, je partait avec un a priori très positif, vu que j’adore Tim Burton, et que j’aime beaucoup Johnny Depp.

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La voix de son traître.

C’est une technique classique dans les arts séquentiels : Alors qu’un des sous-fifres va parler à son chef, l’infâme traître dont on cherche l’identité depuis le début de l’histoire, ce dernier demeure invisible.

Pas qu’il ait développé le don de Sue Storm, la femme invisible, mais plutôt que les metteurs en scène s’acharnent à nous cacher son visage.
Pensez au vilain chef du S.P.E.C.T.R.E. des James Bond, que l’on oublie souvent au profit de son homologue de l’inspecteur Gadget, le fameux Docteur Mad.

Et puis récemment, j’ai lu ça :


Ultimates 20 (Marvel France)
Scénario : Mark Millar – Dessin : Bryan Hitch
Et je me suis dis que si on avait été dans un film, on aurait eu un bel indice sur son identité : sa voix.

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